Business Process Automation : Transformer les Processus Métiers

Emmanuelle Ertel, Directeur Générale Innovation & Trust chez Tessi, est l’invitée de l’épisode 72 du podcast Data Driven 101. 

Dans cet épisode, elle explore le défi de la confiance numérique et de l’automatisation intelligente des processus.

Découvrez comment les technologies de pointe comme la signature électronique qualifiée et l’IA révolutionnent le secteur, en assurant sécurité et efficacité pour les entreprises de toutes tailles.

Elle partage également l’importance de la souveraineté numérique et de l’open-source pour garantir la sécurité des données et le contrôle des entreprises sur leurs solutions.

Business Process Automation : Transformer les Processus Métiers - Emmanuelle Ertel (DG Innovation & Trust @Tessi) #72

 

Marc Sanselme 00:00:00 – 00:00:34 : Bonjour et bienvenue sur Data Driven 101, le podcast qui s’intéresse aux applications concrètes et variées de l’intelligence artificielle et de la data. Je suis Marc Sanselme, fondateur de Scopeo, une agence d’intelligence artificielle qui accompagne toutes les entreprises à tirer le meilleur de cette technologie. Dans notre podcast Data Driven 101, je reçois chaque semaine des professionnels pour qu’ils nous partagent leurs expériences et leurs visions sans filtre. Aujourd’hui, je reçois Emmanuelle Hertel, DG Innovation & Trust, la Digital Factory chez le groupe Tessy, leader de l’outsourcing de processus métier. Bonjour Emmanuelle. 

 

Emmanuelle Ertel 00:00:34 – 00:00:35 : Bonjour. 

 

Marc Sanselme 00:00:35 – 00:00:44 : Alors, est-ce que tu peux rentrer un peu plus dans le détail que ce que je viens de faire sur le groupe Tessy et ton équipe en particulier? 

 

Emmanuelle Ertel 00:00:44 – 00:02:18 : ? Bien sûr. Tessy, c’est une société française qui fait un demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires, qui est présente dans 13 pays pour 15 000 collaborateurs et qui fait trois grands métiers. Un premier métier qui est le métier principal, qui est un métier d’outsourcing. C’est toujours compliqué de comprendre ce que c’est que l’outsourcing. Dans l’outsourcing, il y a deux activités. Une première que tout le monde connaît, c’est les centres d’appels. Nous avons des centres de relations clients qui prennent des appels pour le compte de clients. Tu ne sais pas que tu parles à tes signes, tu penses que tu parles à la marque qui nous emploie. Et puis, un deuxième métier qui est l’outsourcing des processus métiers. où là typiquement des banques par exemple vont externaliser le traitement du dossier de crédit. Donc toi tu envoies ton dossier de crédit à ta banque mais en fait ça n’arrive jamais à la banque, ça arrive chez nous, c’est nous qui allons le traiter. et puis ensuite on va dire à la banque les résultats, l’acceptation des documents, des contrôles de fraude et dire ok le dossier de crédit est conforme et valide. Ça, c’est le premier métier. Ensuite, on a deux métiers qui sont très technologiques. Dans l’outsourcing, il y a toujours de la technologie, mais en plus, l’accéléré qui est un premier métier d’intégration de logiciels pour le compte de tiers et le métier que je représente qui est l’édition de logiciels. Aujourd’hui, j’ai à peu près 350 collaborateurs. qui travaille dans mes équipes pour produire des logiciels autour de la confiance numérique, du business process automation et tout ce qui est la gestion du vrac numérique sur la JET, par exemple, pour l’archivage électronique. Et on fait vraiment un métier de confiance, le métier de confiance digitale. 

 

Marc Sanselme 00:02:23 – 00:02:42 : Sur ce sujet de la confiance numérique, on parle de signature électronique, de vérification d’identité, c’est bien ça ce qu’il y a derrière ce mot. Quel est le constat sur le besoin à la base ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:02:42 – 00:04:37 : Alors, tu as raison. Effectivement, on parle bien de signature électronique et de vérification. Dans la signature électronique, on n’est pas sur la simple signature électronique. Il y a trois niveaux de signature. Il y a la signature simple. Je vais faire gris-gris sur un bout de papier. Je fais pareil avec mon ordinateur. Je fais une signature avancée où je commence à y mettre du contrôle d’identité. Et puis, je fais de la signature qualifiée où là, je vais même aller jusqu’à vérifier des preuves de vie, faire extrêmement attention à la véracité de l’information et surtout à la personne qui va aller signer. Et quand je fais de la vérification d’identité, je vais même au-delà, c’est que je vais vérifier l’identité de la personne, je vais m’assurer que tu n’es pas sous contrainte, je vais prendre la possession de ta caméra pour savoir que tout va bien, je vais te monter des preuves de vie, je vais demander de scanner ta pays-identité, il y a beaucoup de processus. Et aujourd’hui, plusieurs constats sont exécutés. Le premier, c’est que ce marché est un marché de transformation. Donc le premier niveau de signature, tout le monde quasiment s’est équipé. Je crois que c’est plus de 65% du marché aujourd’hui en France qui est équipé et essentiellement avec un premier gros leader qui est un leader américain. On est aujourd’hui sur des marchés de renouvellement sur cette partie-là. On aura sûrement l’occasion d’en reparler. Et puis, maintenant, nos clients nous demandent de plus en plus de monter dans la chaîne de valeur de la confiance numérique par ses principes de vérification, par ses principes de sur-sécuriser la signature électronique. Donc, aujourd’hui, on voit quoi ? On voit un marché qui évolue à demander de plus en plus de contrôle. Ça, c’est le premier élément de cette tendance. Et puis, la deuxième, c’est de nous demander de la mixité dans les processus, c’est-à-dire qu’on va à la fois signer, contrôler, mais on va aussi venir y agréger des outils développés par Tessi, par exemple, d’outils de fraude documentaire et de contrôle des pièces pour s’assurer que celui qui vient signer, en plus, il n’a pas fraudé. Je ne sais pas si tu sais, mais beaucoup de gens fraudent aujourd’hui. Il y a une fraude qui est assez généralisée. C’est plus de 63% des Français qui l’opèrent. Est-ce que tu sais ce que c’est ? A mon tour de poser une question. 

 

Marc Sanselme 00:04:37 – 00:04:40 : Je sais parce qu’on a déjà parlé ensemble. 

 

Emmanuelle Ertel 00:04:40 – 00:04:57 : Donc c’est tout ce qui va être sur les biens immobiliers et l’accession à la location, par exemple. Notre métier à nous, c’est de venir contrôler que ces documents ne sont pas fraudés. Parce que, bien évidemment, c’est très dur de trouver un appartement aujourd’hui. Mais nous, on ne peut pas se permettre de louer et donner à nos clients la capacité de louer à un fraudeur. 

 

Marc Sanselme 00:05:00 – 00:05:33 : C’est marrant parce que tu dis que c’est essentiellement un marché de renouvellement. Moi, j’avais la sensation que sur les signatures les plus poussées, c’était très difficile de trouver un fournisseur. Souvent, les outils sont complètement tous intégrés, mais un outil de signature, quand on a besoin de signer un papier ou quelques papiers à droite à gauche… Avec de la signature qualifiée, c’est introuvable. 

 

Emmanuelle Ertel 00:05:33 – 00:06:38 : On est un des rares acteurs sur le marché à proposer ce processus-là de bout en bout. Tessy, c’est un expert du process. C’est notre métier. Dans le business process outsourcing, le mot du milieu, c’est processus. Donc très, très vite, dès qu’on développe des logiciels, c’est mandatoire pour la Digital Factory du groupe, c’est que tout doit être adapté à des processus. Donc la consigne qui nous est donnée, c’est que ce que l’on va développer est un process de bout en bout. Ce n’est pas uniquement un logiciel qu’on pose sur une table. Et tu as parfaitement raison. Aujourd’hui, on trouve peu de solutions qui ne soient pas l’agrégation de plusieurs solutions. Donc le marché de renouvellement, c’est, sans le citer DocuSign, acteur américain qui va perdre des parts de marché face à la souveraineté demandée par les États européens. Donc, on l’a sur la France, par exemple, et aussi cette recherche de plus en plus de nos clients de trouver un seul acteur qui va fournir une solution de bout en bout et dans lequel on va pouvoir garantir à la fois cette souveraineté éditée en France. C’est le cas pour Innovation & Trust, qui édite une solution qui s’appelle Certinia. Et dans Certinia, en fait, tout est fait en Europe, tout est fait localement, la plupart en France. Et pour nous, c’est extrêmement important de porter cette notion de souveraineté. Oui. 

 

Marc Sanselme 00:06:41 – 00:06:53 : Et toi, au niveau du marché, comment tu l’expliques, le fait que, justement, il y ait la signature simple qui soit proposée par un million d’acteurs, et à côté de ça, que ce ne soit pas facile de trouver de la signature qualifiée ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:06:53 – 00:07:49 : Ou de la signature avancée, mais parce que c’est dur, parce que c’est une complémentarité de processus. La signature simple, c’est facile. C’est facile, avec tout le respect que j’ai, à commencer par mes équipes qui ont démarré par développer de la signature simple. Mais c’est un process qui est unitaire. Quand tu commences à faire de l’avancée à la qualifiée, tu y mets de la détection de fraude, tu y mets de l’IA, tu y mets de la vidéo, tu y mets de l’archivage électronique. Tu y mets tellement de composants technologiques que la plupart des éditeurs ont une brique et s’associent pour pouvoir en créer une deuxième. Nous, la particularité, c’est qu’on était déjà, par exemple, depuis, ça fait 30 ans qu’on édite des solutions d’archivage électronique au sein d’Innovation & Trust. On ne s’appelait juste pas comme ça avant. Et aujourd’hui, ces briques-là, elles étaient dans le magasin Tessie. Donc, on voit bien la difficulté. Et on est très, très peu d’acteurs à proposer ça de bout en bout. Et alors, des acteurs souverains européens, on est déjà beaucoup moins nombreux. Et alors, des acteurs français, on est très, très peu. 

 

Marc Sanselme 00:07:50 – 00:08:03 : Et alors, qu’est-ce que ça implique d’un point de vue légal, côté certification, obligation légale, quand on met le doigt dans ce qui est soit vérification d’identité, soit carrément signature électronique ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:08:03 – 00:09:30 : Plus loin, tu sais qu’on a inventé, pardon, c’est mal tourné, mais on a tout ce qui est pévide avec la vérification d’identité à distance, par exemple. Donc, quand on met le doigt sur les certifications, bien évidemment, plus on est certifié, plus ça impose à nous en tant qu’éditeurs de respecter des normes, Les normes de l’ANSI, l’Agence nationale de sécurité du système d’information, qui est une agence de l’État, qui impose, elle, des normes extrêmement dures et parfois douloureuses. Et puis, il y a l’EDAS, qui est la norme européenne. Déjà, un minimum, il faut respecter ça. L’EDAS, c’est la base pour être européenne compliant, mais aussi pour cette partie ANSI, pour respecter la réglementation française. Ça, ça amène plusieurs choses. Un impact business, c’est que quand on respecte les normes de l’Annecy et qu’on a des compétiteurs de pays européens qui ne respectent pas ces normes, ils ont moins de contraintes. Donc on a des contraintes en France qui sont très fortes, mais qui sont aussi une vraie sécurité pour nos clients. Alors des fois qui ne sont pas bien liées avec l’aspect économique, parce que quand tu mets beaucoup de contraintes, d’un coup tu coûtes un peu plus cher que si tu développes à côté avec moins de contraintes. Par contre, ça permet à nos clients d’avoir cette sécurité qui, je pense, est extrêmement importante pour toujours aller dans la notion de souveraineté. Dès que tu commences à déployer des solutions qui sont moins maîtrisées par ton propre pays, c’est toujours un peu dangereux, dans ton business en tout cas. 

 

Marc Sanselme 00:09:30 – 00:09:40 : Votre métier, c’est aussi la Business Process Automation, BPA. Comment est-ce que tu définis le ou la BPA ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:09:40 – 00:10:17 : On pourrait dire que c’est non genré. C’est le business process automation. Mais tu as raison, on pourrait dire pourquoi pas là, business process automation. Ça va être toute l’automatisation des processus. Moi, je suis une acharnée du processus métier. Donc, ce n’est pas du RPA, la robotisation du processus. Là, c’est j’automatise des tâches répétitives. Là où nous, on va chercher à automatiser tout le processus métier. Et je définirais le business process automation par je cherche à automatiser au maximum les processus métiers d’une entreprise, qu’il soit sur fonction support, fonction business ou les fonctions régaliennes. 

 

Marc Sanselme 00:10:19 – 00:10:37 : On pourrait dire que si on vous donne des exemples concrets, dans le RPA, on va être sur des macros, des copiés-copiés automatiques. Dans le business process automation, il y a le décisionnel qui intervient. Peut-être qu’il y a des décisions qui sont prises. 

 

Emmanuelle Ertel 00:10:37 – 00:11:21 : Et j’y mets mon business. C’est vraiment la notion de pouvoir automatiser. Tu sais, le business process automation, on va chercher jusqu’à 40% d’automatisation du processus de gestion pour les gestionnaires de métiers. C’est dur pour une entreprise d’automatiser son business. parce qu’elle est liée à son système d’information qui est souvent plus vieillissant que novateur, des contraintes d’hébergement, des contraintes réglementaires, je parlais des contraintes régaliennes tout à l’heure, mais pas que, les contraintes qui sont de conformité par exemple en interne. Donc c’est dur pour une entreprise d’automatiser son métier. Mais on voit qu’on peut tout automatiser aujourd’hui et qu’il faut y aller. en plus, c’est hyper important. 

 

Marc Sanselme 00:11:23 – 00:11:38 : Vous avez mis en place un logiciel pour ça ? Oui, on a développé Scalia BPA. Qu’est-ce que c’est et quel était le constat sur le besoin et la motivation pour faire ce logiciel ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:11:38 – 00:15:11 : Alors, ce constat, il est au départ de pourquoi on développe. Déjà, on est un acteur de business process management. On fait du BPM depuis des années. Donc, notre premier métier, c’est un métier de workflow. C’est un métier d’archivage électronique. C’est un métier de case management. Donc, ils sont des vieux termes. Aujourd’hui, on parle de BPA, mais avant, les anciens, c’est ces termes-là. Il y a eu plusieurs phénomènes. Le premier, c’est qu’il fallait développer quelque chose qui soit la suite de notre activité historique. On fait 19 millions d’euros avec cette activité-là. Il paraissait normal de lui préparer un avenir. Et puis, il y a eu le post-Covid. Alors, tout le monde a eu le post-Covid sur plein, plein de phénomènes. Mais nous, on a vu un phénomène arriver juste après le Covid. C’est la convergence du front to back technologique. Je m’explique. Nous, en tant qu’acteurs de case management, par exemple, nous étions des acteurs de back office. On a affaire à des gestionnaires qui font des processus métiers et qu’ils ne voient jamais un client finalement. Et puis, on a vu des acteurs, Salesforce, pour ne pas le nommer, qui a commencé après le Covid, qui était lui un acteur de front office, CRM d’origine, puis après qui a commencé à faire des processus de front, à redescendre vers nous. Et on les a vus venir se mettre en compétition face à nous, sur des dossiers dans lesquels jamais on les avait vus avant. Tu te doutes bien que si tu es un patron à peu près avec une vision et une stratégie, tu te dis qu’il se passe quelque chose. Si les acteurs du front descendent vers le bac, il va se passer deux trucs. Le premier, c’est que par réaction, les acteurs de bac vont remonter vers le front. Mais ça ne va pas être une compétition de territoire. Ça va être une compétition de convergence. Il faut prendre cette convergence. En fait, aujourd’hui, si on remet l’humain au centre et le gestionnaire au centre, il doit reprendre acte de son métier. Ça n’est pas la DSI. C’est lui au centre de tout. Et donc, s’il est au centre de tout, cette convergence du front to back, elle devient centrale. Et qu’est-ce qui va apporter ça ? C’est le business process automation. Mais ce n’est pas un business process automation simple comme ont pu le faire des acteurs historiques qui ont mis une petite couche d’IA. Nous, on s’est dit en 2021, en fait, non seulement il faut bifurquer vers ça, Mais on a la chance de voir l’IA se démocratiser. On se détend sur l’IA. Là, on parle du LLM, Machine Learning Deep Learning. Ça fait 15 ans qu’on est là-dedans et qu’on l’a déjà intégré. Donc cette IA-là, elle est historique chez nous. Elle est imprégnée dans nos développements. Mais là, on venait y rajouter une couche supplémentaire d’un outil qui permettait finalement de dialoguer avec le processus et de dialoguer avec l’ordinateur. C’est juste génial. Et donc, pourquoi on a développé Scalia BPA ? Un, c’est la suite de notre business normal. En tant qu’éditeur de ce métier-là, il était normal que j’ai une suite qui s’approche vers le business process automation. Mais c’est surtout cette vision, la mienne au départ, qui ensuite a été suivie par mes investisseurs, que cette convergence du front to back technologique, elle allait amener un nouveau territoire et qu’il fallait être dedans. Et à nouveau, comme pour la confiance numérique, c’est un acteur souverain. C’est arrêter d’avoir des solutions américaines dont les gars arrivent avec des factures qui sont astronomiques et qui sont soumises au Cloud Act, qui sont soumises au Patriot Act et qui ne garantissent pas la souveraineté de l’information. Et voilà pourquoi on a commencé à développer. On a commencé à démarrer le développement en 2021. On a sorti la V1 du produit en avril de cette année. On a une roadmap à 4-5 ans aujourd’hui. Mais pour arriver à la maturité d’un produit, on est aujourd’hui en train de répondre à beaucoup de cahiers des charges. Et effectivement, on arrive sur quelque chose qui est assez disruptif sur le marché. 

 

Marc Sanselme 00:15:15 – 00:15:27 : Tu disais, j’ai envie de grossir le trait pour voir si j’ai bien compris. D’une certaine façon, l’IA conversationnel est un peu une sorte d’alternative au front. 

 

Emmanuelle Ertel 00:15:27 – 00:16:12 : Oui, complètement. C’est bien, tu as très bien compris. Bravo. C’est exactement ça. Aujourd’hui, on a des couches basses qui… Je m’étouffe. Oui, tu as parfaitement compris. C’est exactement ça. On va, non seulement grâce au LLM, pouvoir dialoguer et redonner la main au gestionnaire de pouvoir créer ses propres processus. Il va les réclamer avec Scalia BPA, mais également d’y avoir mis, logiquement, des couches de back-end qui, elles, sont l’analyse et l’interprétation de l’IA par rapport au processus métier. 

 

Marc Sanselme 00:16:13 – 00:16:20 : OK. Vous avez un positionnement au niveau de l’LM, Large Language Model, qui est d’utiliser uniquement de l’open source. 

 

Emmanuelle Ertel 00:16:20 – 00:16:26 : Oui, open source, libre de droit commercial. 

 

Marc Sanselme 00:16:26 – 00:16:30 : Est-ce que tu peux nous préciser les tenants et aboutissants de cette décision ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:16:30 – 00:17:06 : Souveraineté, toujours la souveraineté, rien que la souveraineté. Comment je garantis à mes clients ? Plusieurs approches. Le client décide d’implémenter son propre LLM et de le faire avec le chat GPT sur Azure. Welcome, il peut le faire. La solution permet d’opérer ça, il n’y a aucun problème. Quand nous, on fournit le LLM, on fait le choix de LLM français, Mistral, pour ne pas le citer, mais pas que. Effectivement, prendre des LLM qui sont libres de droits d’usage commercial, ça veut dire qu’on va les réintégrer dans nos propres data centers et on va les faire tourner sur nos propres GPU. Il n’y a rien qui sort. 

 

Marc Sanselme 00:17:08 – 00:17:08 : D’accord. 

 

Emmanuelle Ertel 00:17:08 – 00:17:09 : C’est la règle. 

 

Marc Sanselme 00:17:09 – 00:17:21 : Mais du coup, vous vous limitez, du côté de Mistral par exemple, vous vous limitez au modèle open source. C’est-à-dire qu’ils ont des modèles qui sont meilleurs, ont une meilleure performance non open source. 

 

Emmanuelle Ertel 00:17:21 – 00:18:29 : Oui, mais parce qu’en fait, ce que je viens chercher, ce n’est pas tant le modèle Mistral, c’est ensuite le modèle de mon client. Donc, ce qu’il va faire, c’est qu’il va lui-même faire grandir ce modèle. Mais avec quelque chose de local. Exactement, parce que finalement, notre client, là, je parle vraiment des processus métiers. Je ne suis pas sur les fonctions support. Fonctions support, on pourrait avoir une autre approche. Mais aujourd’hui, sur tout ce qui va être processus métier, c’est le métier qui doit progresser. Je te dis n’importe quoi, je récupère des informations brassées sur la toile d’éléments qui ne concernent absolument aucune banque. Ça ne va pas lui servir à mon client bancaire. Donc j’ai besoin moi de faire grandir des moteurs qui se spécialisent. Et on voit bien aussi qu’aujourd’hui avec l’IA, on est très généraliste. Le seul mot qui fait du buzz, c’est le LLM. Mais on voit bien que c’est pour faire du tout venant. Dès qu’on va commencer à être surprécis sur des processus, je ne sais pas moi, d’entrer en relation KYC, Know Your Customer, dans lequel ou un processus de demande de carte bleue. Je ne vais pas le trouver sur le chat GPT. Il faut qu’en fait, mon IA, elle apprenne du processus de mon client. 

 

Marc Sanselme 00:18:30 – 00:18:44 : Donc vous allez par exemple demander au client, aujourd’hui il le traite manuellement, on va lui demander de nous donner ses données de traitement manuel pour entraîner un algo, et ensuite vous mettez cet algo à disposition ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:18:44 – 00:19:05 : Alors c’est lui qui va l’entraîner, moi je ne fais rien. Je lui mets à disposition ce qu’est l’ABPA, bien évidemment je l’accompagne, mais derrière ce sont ses datas, dans ses environnements, tout est cloisonné, Vraiment, on vient chercher… Je le martèle, ça peut être un peu lourd, mais en fait, cette souveraineté, elle est fondamentale. 

 

Marc Sanselme 00:19:05 – 00:19:21 : Si le client a la main sur son entraînement, comment est-ce qu’on garantit, par exemple, la non-régression, que le lendemain, il a fait une bêtise? et du coup, on casse la… 

 

Emmanuelle Ertel 00:19:23 – 00:20:54 : Si Scalia BPA est bien fait, ce qui a l’air d’être le cas, il a été audité il n’y a pas longtemps, donc ça a l’air d’être le cas, normalement, même s’il fait une erreur, on doit pouvoir la rattraper. Donc lui, il a la moyen soit de rejouer des éléments qui ont été appris par ailleurs et il va pouvoir les rejouer, les backuper, les sauvegarder. Mais tu sais, on a les mêmes cas, ces questions-là, qui est une question totalement pertinente, mais on l’avait déjà quand on disait, oh là là, le client, il va modéliser tout seul son workflow. Tu te rappelles, quand on dessinait les modélisations de workflow, on disait, si ils se et qu’il oublie de fermer une étape, le workflow va tourner en rond et ça va tout planter. Ces questions-là sont valables pour tout. C’est-à-dire que tout ce que tu prépares, si tu ne mets pas un peu de rigueur et si tu ne sauvegardes pas avant, tu risques d’avoir des surprises. Par contre, remettre l’utilisateur au centre, Tu sais, moi, quand j’ai créé Innovation & Trust et qu’on l’a monté avec l’appui du groupe Tessie en 2022, le premier truc que j’ai dit, c’est je veux être human interactive first. Je veux remettre l’humain au centre. Avec Scalia BPA, je remets l’humain, je remets le gestionnaire au centre de son activité. Et donc, un gestionnaire, il commet des erreurs comme tout être humain, mais il a des systèmes qui le rattrapent. Et le fait d’avoir les IA qui apprennent, ça va lui permettre aussi de s’accompagner dans ce risque d’erreur. Le non-erreur n’existe pas, mais par contre, Scalia BPA permet de sauvegarder, protéger, d’alerter, de ramener de la cohérence, de dire attention, il y a un truc qui ne marche pas correctement, c’est plutôt bien foutu. 

 

Marc Sanselme 00:20:54 – 00:21:30 : Oui, l’erreur ou autre, le simple fait qu’il y ait une nouvelle version donne la possibilité que la nouvelle version soit moins bonne que la précédente. Si on veut se rattacher un petit peu, parce que c’est vrai qu’on parle de façon très abstraite, mais on aime bien parler concrètement sur des exemples. Est-ce que tu peux nous donner des exemples de business process automation ? On va commencer par des cas qui marchent bien, des choses qui ont bien marché dans le passé. Pourquoi est-ce que c’est des cas qui s’adaptent très bien à la business pros ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:21:30 – 00:23:46 : Je vais répondre concrètement, mais pas tout de suite. Premier élément, c’est que tu sais que c’est très dur aujourd’hui pour les entreprises d’automatiser leur métier. Elles ont toutes des besoins, je crois qu’il y a plus de 80% des entreprises qui disent avoir pris des premières initiatives d’IA, mais tu te rends compte quand elles le prennent sur les fonctions support. Donc avant même d’arriver sur l’automatisation des processus, il y a sur les fonctions support ou les cas qui marchent bien, les contrats juridiques, l’analyse des CV. mais qui permettent de pouvoir vérifier si un CV, on fait sortir des CV du lot qu’on n’aurait pas regardé naturellement avec de simples critères humains ou alors dans le sens de les challenger. On peut avoir des fonctions, l’ARH marche très bien par exemple sur l’automatisation des processus. Nous, on est en train de travailler sur des process achats, sur les fonctions support, on est en train de travailler sur des process de demande d’engagement Par exemple, tous ces processus-là sont des réussites parce qu’ils sont faits pour être automatisés, dans le sens où on sait un process avec quelque chose qui est en fait étape 1, étape 2, étape 3, étape 4. Donc ça, c’est hyper simple. Dès qu’on touche les processus métiers, on vient se mettre en difficulté parce qu’on est autour du système d’information. et donc pour ça je disais je vais répondre à ta question. mais en fait dans ta question sur des processus métiers ils peuvent tous très très bien marcher. je ne sais pas je cite les banques parce que c’est les premiers clients auxquels je pense et parce que c’est les premiers à avoir fortement démarré sur le business process automation l’entrée en relation La lutte contre le blanchiment et la fraude et la lutte contre le terrorisme, donc le CBFT, ça marche très bien dans l’automatisation. Pourtant, ce sont des processus qui sont complexes parce que ça vient travailler avec la conformité et ça met plusieurs acteurs autour de la table. Ces processus-là marchent très bien. Mais en réalité, tu vois, on est en train de travailler sur un dossier où il y a 480 processus à automatiser. Ils vont tous marcher. Si ça marche bien, on interroperait avec le système d’information. Dès que l’interrope avec le système d’information ne va pas fonctionner, c’est fini. Et on aura beau faire le meilleur processus du monde, là, il y aura quelque chose qui va bloquer. 

 

Marc Sanselme 00:23:47 – 00:23:49 : Ce qui est clé, c’est la connexion avec… 

 

Emmanuelle Ertel 00:23:49 – 00:24:41 : Mais on ne peut pas arriver tout seul. Si on arrive tout seul, ça marche super bien. Si on arrive avec nous tout seul, OK, mais tout seul, ça n’existe pas. Il n’y a pas une solution. Tu fais un métier d’IA également, tu es bien confronté aujourd’hui à comment je m’intègre dans un système d’information qui, lui, n’est pas fait pour recevoir ce type. Donc oui, on va faire de l’interopérité, on va s’appeler par API, on va être consommé en termes de services. On peut faire beaucoup de choses. Mais donc, qu’est-ce qui réussit ? Je vais te faire une réponse de Gascon, tout réussit. Qu’est-ce qui échoue? si on n’arrive pas à s’interopérer et que les processus donnés sont attendus en hyper-interopérabilité ? Ça ne marchera pas. Et ce n’est pas un problème de Scalia BPA ou de Tessy, c’est un problème de la réalité économique des systèmes d’information des entreprises, j’allais dire en France, en Europe et à mon avis dans le monde. 

 

Marc Sanselme 00:24:42 – 00:24:53 : Ok. Alors, si on prend le cas du RH, est-ce qu’on peut expliciter encore plus de quoi on parle ? Tu parlais de CV, analyse de CV. 

 

Emmanuelle Ertel 00:24:53 – 00:24:54 : Oui, par exemple. 

 

Marc Sanselme 00:24:54 – 00:24:56 : Un CV arrive, qu’est-ce qui se passe ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:24:56 – 00:25:54 : Un CV arrive. En fait, on a des critères au départ de dire je veux tous les CV. Je ne sais pas moi, femme, ingénieur, banlieue. Attention que les RH ne se méprennent pas. Il n’y a pas ce genre de critères. C’est un exemple pour illustrer. et comment on fait remonter ces CV-là dans la pile alors que ce n’est pas clairement explicité. Il n’y a pas écrit, j’habite en banlieue parisienne, il y a peut-être une adresse, peut-être pas. Ça peut être dans les écoles, ça peut être dans les analyses, mais c’est aussi, je trouve une école et puis le collaborateur demande un salaire et aller faire des recherches pour dire, en fait, le salaire demandé est au-dessus ou au-dessous, ça arrive parfois, du salaire de référence de cette école. Donc on peut faire énormément de choses sur une analyse de CV. On peut en supprimer tous les biais de racisme, de xénophobie ou je ne sais quoi par rapport à ça. Donc avec l’IA, on peut faire beaucoup, beaucoup de choses en termes d’analyse. 

 

Marc Sanselme 00:25:54 – 00:26:15 : Et alors en termes de produits, vous proposez à vos clients ? de reprendre leur parcours sur mesure et de faire chacune des étapes, automatiser chacune des étapes nécessaires. Ou bien, vous avez, par exemple, pour la lecture de CV, vous avez un produit lecture de CV avec… 

 

Emmanuelle Ertel 00:26:15 – 00:28:02 : Non, c’est le même outil. J’ai fait le choix dès le départ, mais ça fait 25 ans que j’édite des logiciels. Ça fait 25 ans que j’ai décidé de ne pas faire de vertical. Moi, en tant qu’éditeur. Par contre, la force de Tessie, c’est qu’ensuite, Tessie prend ses outils et en fait des verticals métiers dans le cadre de ses usines de production. Ça, c’est assez extraordinaire parce que moi, ça me nourrit aussi dans mes logiciels. Moi, c’est le même outil parce que le client, ce qu’il cherche, c’est un outil qui va l’aider à faire plusieurs choses. Par contre, effectivement, tu as mis le doigt dessus. On a des clients qui sont déjà équipés, qui vont choisir soit de garder une grosse solution à côté et nous confier les simples, les moyens parce qu’ils ont fait les processus très complexes de manière très coûteuse sur d’autres solutions. Et on va prendre d’autres processus. On a des clients qui font le choix de prendre leurs processus actuels et de nous les exporter. et là, il faut que nous, on les réintègre, qu’on fait le choix de déployer des processus. Mais en fait, dès qu’ils ont Scalia BPA, eh bien, ils commencent à le déployer un peu partout. Et j’évoquais l’exemple de Tessit. Tessit, c’est une société complexe. On est dans plusieurs pays. On fait des métiers qui sont différents, avec différentes sociétés au sein du groupe. On a des processus qui sont très complexes. Quand j’évoquais tout à l’heure, par exemple, le processus achat ou le processus d’onboarding de nos fournisseurs, et bien je ne vais pas développer quelque chose pour ça alors qu’il y a un mois et demi mon DPO m’appelle en disant j’ai un besoin de faire des processus d’anonymisation à la demande d’une collaboratrice qui nous demande d’anonymiser ses datas. je ne vais pas lui développer une autre solution à côté. donc en fait il faut que ma solution Scalia BPA soit suffisamment généraliste pour répondre aux besoins des entreprises. Et ensuite, c’est la force du groupe Tessie, en tant qu’expert du BPO, de lui, verticaliser les processus qu’il déploie sur ses propres usines pour le compte du client. 

 

Marc Sanselme 00:28:03 – 00:28:14 : Alors, c’est quoi le parcours client de la vente à la mise en prod ? Je suis client, j’arrive, j’ai un besoin, j’ai un business process automatisé. 

 

Emmanuelle Ertel 00:28:14 – 00:30:57 : Déjà, c’est bien. Non seulement tu as un besoin, mais tu sais l’identifier. La plupart du temps, on vient nous voir… Tout le monde a déjà mis du workflow en place ou du BPM. Tout le monde a déjà une notion de business process. Elle n’est juste pas avec de l’IA et pas automatisée. La plupart de nos clients ont soit un nouveau besoin croissance externe, de nouveaux services à ouvrir ou des services qui ne sont pas rentables. Quand je disais tout à l’heure qu’on cherche à optimiser plus de 40% de la productivité d’un gestionnaire, tu prends des process qui ont été montés il y a des années, ils tournent. Sauf qu’il faut 25 personnes pour le faire tourner. C’est super parce qu’en général, il a haute source chez Tessy ou chez ses compétiteurs. Mais en termes de rentabilité, ce n’est pas ce qu’ils viennent chercher. La plupart de nos clients, on les voit avec un premier besoin. Mais des fois, il y a même au-delà, c’est-à-dire c’est de la curiosité au démarrage. J’ai fait un rendez-vous chez un client industriel qui m’a dit « j’ai sous les yeux ce que je rêve d’avoir ». Et il n’avait pas de besoin particulier, tu vois. Mais le premier élément, c’est effectivement la plupart de nos clients ont déjà de l’expérience, veulent toucher à l’IA et ont du mal à combiner IA et Business Process Automation parce que c’est dur d’automatiser ces processus métiers. Et donc là, ils font appel à Tessy, parce qu’on est à la fois un expert du processus outsourcé métier, on a des logiciels qui ont été développés sous l’input du BPO, donc c’est aussi une force pour nous, et donc ils viennent nous voir avec un premier projet, bien évidemment on va faire une démo, comme on a pu te faire une démo il n’y a pas très très longtemps, là on va toucher du droit au produit, on va pouvoir le manipuler, on va pouvoir poser des questions, on va analyser le besoin, on va commencer à avancer ensemble. Généralement, vu la taille de nos clients, on a un RFP qui arrive, un RFI souvent avant, mais un RFP, donc on est mis en compétition. RFP, RFI, tu peux… RFI, c’est Request for Information and Request for Proposal pour la partie proposition. Donc en fait, le premier truc, c’est le RFI. Coucou, je viens vous voir, vous êtes plusieurs, j’aimerais un peu avoir de l’intérêt sur vous, qui vous êtes, ce que vous faites, à quoi ressemble votre produit ? Puis ensuite, RFP, les gars, la compète, elle est ouverte. Vous êtes 4, 5, appel d’offres. Vas-y, il faut y répondre. Donc, réponses rédigées, grilles Excel remplies, montrer pas de blanches, définir des prix. Ne me pose pas de questions sur les prix. Si tu veux, vas-y. Il y a des prix catalogues. On ne répond jamais avec les prix catalogues. On répond avec les prix qui correspondent aux besoins économiques du client et à la taille de son projet. Une fois qu’on a fait nos démos, qu’on a démontré que le meilleur gagne. 

 

Marc Sanselme 00:31:02 – 00:31:07 : Alors, d’un point de vue d’évangélisation, est-ce qu’il y a quelque chose que… 

 

Emmanuelle Ertel 00:31:07 – 00:32:39 : Ça, ça sert d’os. Je répète plein de choses, beaucoup. T’as entendu souveraineté, déjà. Je me répète beaucoup sur le sujet. Oui, il faut évangéliser. Premier élément, on confond beaucoup RPA et BPA. D’ailleurs, l’acteur incontournable du RPA commence à basculer. Tu vois toujours la convergence du front de Toubac. Les gens, les acteurs qui se déplacent, la chaîne économique, c’est en mouvance, en fait, toute cette partie-là. Mais la première évangélisation, c’est la différence entre le RPA, j’automatise une tâche répétitive, et le BPA, j’automatise mes processus, quels qu’ils soient. Ça, c’est le premier élément d’évangélisation. Le deuxième, c’est qu’il n’y a pas que le LLM dans la vie. Oui, ça fait plein de choses. Oui, ça fait l’effet Wahoo. Mais derrière, on a le machine learning. Mais derrière, on a le deep learning. Il n’y a rien qui tourne tout seul. que cette notion de comprendre qu’une fois qu’on a passé l’effet waouh, c’est comment ça s’inscrit dans l’implémentation et dans le déploiement et qu’on a beau venir chercher une approche low code, no code, plus on mettra le gestionnaire ou plus on mettra l’humain au centre de tout plutôt que le système d’information. plus on sera puissant pour amener à la fois de la rationalisation de charge et de la rationalisation technologique. Mais l’évangélisation, la première, c’est RPA, BPA. Et non, le BPA n’est pas un RPA. Et ce n’est pas parce qu’on déploie du LLM que tout se fait en claquant des doigts, sans projet et sans charge. 

 

Marc Sanselme 00:32:40 – 00:32:51 : Est-ce que tu peux, dans le parcours qui était le tien chez Tessy, nous partager une erreur pour ne pas qu’on refasse la même ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:32:51 – 00:32:57 : Je pourrais en partager beaucoup des erreurs. Tu veux parler technologique ou tu veux parler en général ? 

 

Marc Sanselme 00:32:57 – 00:33:00 : Oui, business ou tech. 

 

Emmanuelle Ertel 00:33:00 – 00:35:57 : En fait, je vais t’en citer plusieurs quand même. La première, ne pas sous-estimer la compréhension de tes partenaires sur la technologie que tu proposes. Plus tu es pris, tu parlais d’évangélisation tout à l’heure, plus tu es pris sur regarder le LLM, l’IA, ça va être extraordinaire, plus tes investisseurs paniquent et plus il est compliqué d’expliquer ce que ça fait. Alors que c’est, un, une suite logique de notre activité, deux, que ça n’est pas une révolution, ça n’est qu’une technologie. que l’on continue à faire avancer autour de l’automatisation des processus. donc la première des erreurs c’est d’être capable avant même de démarrer la première ligne de code d’expliquer et d’évangéliser vraiment de ce que tu vas faire. ça c’est un conseil que je donne à tout patron d’édition de logiciel qui ont des investisseurs quels qu’ils soient et nous on a la chance d’avoir des investisseurs qui nous suivent. mais il n’empêche qu’il faut expliquer et réexpliquer une vraie notion d’évangélisation évangélisation. Ensuite, la deuxième partie, c’est S’entourer, pas que de techos. Parce qu’il faut leur dire où il faut aller, et t’as beau avoir une vision, moi je suis patron de R&D depuis très longtemps, je fais vraiment de l’édition de logiciels, cette vision, quand je suis arrivée et que j’ai expliqué qu’il y allait y avoir un mouvement du marché et qu’il y avait une convergence du back to front, en fait mes techniciens ils ont compris, mes développeurs ils ont compris. Mais comment je racontais cette histoire à des marketeux ? Comment je racontais cette histoire à des commerciaux ? Comment j’allais raconter cette histoire sur le marché ? C’est quelque chose que moi, je trouve avoir mal préparé. Donc j’ai un super beau produit et j’ai un produit que maintenant, il va falloir que j’aille présenter sur un acteur qui n’est pas reconnu comme un acteur technologique. T6, c’est un leader du BPO au départ. Et donc arrivé avec cette révolution-là, ça en fait, je l’ai mal préparé. Je le rattrape aujourd’hui, ce n’est pas grave, il n’y a pas péril en la demeure. Mais en fait, c’est vraiment un sujet. C’est-à-dire que j’ai la vision technologique, j’ai des équipes technologiques qui m’ont suivie dans cette vision. Mais maintenant, comment je le crante ? Et ça revient avec les investisseurs. Comment je crante de faire comprendre cette vision-là au commun des mortels qui ne fait pas de la technologie ? Finalement, j’ai moins de mal à évangéliser mes clients qui ont déjà une expérience, qui ont évangélisé ma propre entreprise en interne. Et ça, il faut le préparer. Et peu importe, je pense, la taille. Innovation and Trust au sein de T6, c’est petit. 350 collaborateurs, c’est trois pays, c’est pas gros. On le disait, c’est 20 millions d’euros, 24 millions d’euros de chiffre d’affaires à la fin de l’année. C’est pas gros. Je fais une entreprise qui fait un demi-milliard. Mais comment tu expliques ça en interne ? Comment tu présentes ça en interne ? Et je te dis, j’ai moins de difficulté à l’expliquer à mes clients qu’à le déployer en interne en réalité, parce que je l’ai mal préparé. 

 

Marc Sanselme 00:35:57 – 00:35:57 : Ok. 

 

Emmanuelle Ertel 00:35:58 – 00:36:00 : Tu es très franche. 

 

Marc Sanselme 00:36:00 – 00:36:09 : Super, merci. Alors, est-ce que tu as, on continue dans la même thématique, une anecdote à nous partager ? 

 

la première anecdote, c’est quand tu te retrouves confronté à quelqu’un qui dit mais en fait, tu fais pareil qu’eux, ils passent. Et qu’en fait, je suis sèche, je ne sais pas répondre. Parce que je comprends que la personne qui me pose la question n’a rien compris de ce que j’allais faire. Mais sauf qu’en réalité, ça veut dire que c’est moi qui l’ai très mal expliqué. Et pourtant, je suis convaincue de bien l’avoir expliqué. Et ça revient, tu vois, c’est plutôt une anecdote négative. Mais parce que mon quotidien aujourd’hui, c’est celui-là. C’est d’expliquer comment je différencie du RPA, du BPA. Comment, non, je ne suis pas UiPas. Non, je ne suis pas Pega. Je fais mieux. Je ne fais peut-être pas des milliards d’euros de chiffre d’affaires, quoiqu’en France, Pega ne fait pas des milliards, voire recule en termes de chiffre d’affaires. Je fais mieux. Je fais autre chose. Et ce autre chose, en fait, mon anecdote, elle est quotidienne. C’est expliquer l’autre chose. Et donc, tu vois, je n’ai pas d’anecdote particulière. Je pourrais te raconter des moments de désarroi ou des moments d’euphorie. Ma meilleure anecdote, c’est quand je viens devant un client qu’on n’avait jamais réussi à accrocher avant et avec qui on n’a pas encore signé, mais on y travaille et qui te dit mais waouh. Ma meilleure anecdote, c’est celle-là. C’est quand un client me dit « waouh ». et ma pire anecdote, c’est « non, mais t’es en train de faire pareil que lui, il passe ». 

 

Marc Sanselme 00:37:55 – 00:38:04 : Oui, et ce qui est marrant avec cette anecdote, c’est que potentiellement, la personne en face ne sait pas non plus ce que fait UIPath. 

 

Emmanuelle Ertel 00:38:04 – 00:38:08 : Non, tout à fait. Mais c’est tellement vrai. C’est tellement vrai. En fait… 

 

Marc Sanselme 00:38:09 – 00:38:13 : RPA, ce n’est pas non plus ultra courant comme… 

 

Emmanuelle Ertel 00:38:13 – 00:39:30 : Non, même si ça s’est ultra démocratisé et que tout le monde a déployé UIPath et que c’est une super solution. Ils ont eu une stratégie qui était juste énormissime, cette notion de communauté. Moi, je suis admirative. Mais oui, tu as parfaitement raison. C’est-à-dire que la plupart des gens, quand on n’est pas face à nos clients qui eux-mêmes font du business process tous les jours, Eh bien, en fait, c’est dur d’expliquer. Et tu as raison, la plupart ne savent pas ce que fait Uipass. J’ai eu des comparaisons des fois où tu es là, tu dis, oula, ben non. Et parce que ce sont des verticales. Uipass, la difficulté, c’est qu’en plus, c’est un généraliste. Ils ont fait le choix de faire la même stratégie que moi. Non, j’irais plutôt dire qu’il y a de l’influence me concernant, qui est de faire un produit généraliste qu’ils ont pu déployer partout. C’est ça que je viens chercher, moi, avec Scalia BPA. Là où, en fait, on confond très souvent des verticales métiers. On est venu me dire, mais en fait, Scalia BPA, ça pourrait remplacer Jira. Oui, oui. Sur le papier, oui. Mais non, Jira, c’est un spécialiste. Il a fait une verticale. Donc Jira ne vient pas chercher du business process métier. Il a fait une verticale sur du bug tracking ou sur de la gestion de tickets. Et la plupart des gens ne savent pas ce que font Jira. 

 

Marc Sanselme 00:39:31 – 00:39:51 : Alors, maintenant que vous avez ce Calia BPA en place, quelle est la suite de votre développement côté IA, côté tech ? Quelle est la suite ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:39:51 – 00:41:49 : La première suite, on va continuer notre roadmap. Là, on part sur la partie industrialisation du produit. Gagner des clients. Là, maintenant, il faut qu’on crante de gagner des clients parce qu’on va se nourrir de nos clients. Tu sais, quand on construit un produit… On démarre par une idée. Un, une vision. Deux, une idée. Trois, une équipe pour le développer. Puis ensuite, commencer à travailler des use case. Et finalement, tu es quand même assez seul. Parce que ce n’est pas vrai. Celui qui vient t’expliquer qu’il fallait aller prendre les use case clients pour aller développer un produit, en fait, tu ne disruptes rien. Tu fais ce qu’attend le client, mais un client. Alors qu’en fait, on vient essayer d’en capter le plus possible. Donc, le premier élément, c’est de se confronter au commerce. Et maintenant, on y est. Et de l’autre côté, côté R&D, c’est de continuer à accélérer les moteurs, bien évidemment, mais pas que les moteurs d’IA. On a quatre composants sur Scalia BPA. C’est faire grandir tous nos composants et automatiser au maximum les processus, venir éploguer les notions de fraude. En fait, on voudrait mettre du contrôle documentaire plus poussé aussi dans la solution et pouvoir s’étendre dans toutes les activités du groupe Tessie également, mais pas fonction support, bien sûr, la partie traitement de nos clients. Donc là, la première roadmap qu’on a maintenant, pour ne pas dévoiler les roadmaps produits, elle est business. Elle est allée se confronter au business, continue à y aller. On sait qu’on fait un effet, pas que waouh, on a vraiment un produit disruptif. On est le seul produit européen comme ça aujourd’hui sur le marché. On l’a comparé, on l’a regardé. On a beaucoup de respect par exemple pour Bonita Soft, mais Bonita n’est pas Scalia BPA. Donc on fait très attention à comment tout ça, ça évolue. Mais là, la roadmap, la feuille de route, c’est le commerce. Le commerce, c’est se faire connaître et montrer et démontrer ce produit parce qu’il doit être regardé. Il amène vraiment, et pour une fois, je pèse mes mots, une vraie révolution sur le marché. 

 

Marc Sanselme 00:41:51 – 00:41:58 : D’accord. Alors, qui est-ce que tu aimerais entendre au micro de Data Driven 101 dans un prochain épisode ? 

 

Emmanuelle Ertel 00:41:58 – 00:43:05 : Alors j’ai pensé à plein de gens, parce qu’à la fois je trouve que le podcast est passionnant et je suis vraiment très très contente de l’avoir fait, j’en suis même très très fière. Mais je le redis, la personne que j’aimerais voir ici, ce n’est pas quelqu’un qui fait de la tech pour de la tech. C’est quelqu’un qui est confronté tous les jours avec ses clients, qui représente une agence de communication qui s’appelle Thierry Coumagnon et qui est à la fois pour moi un modèle d’inclusion, un modèle de diversité, qui croise beaucoup, beaucoup d’informations et qui entend plein de choses différentes. Et tu verras, ce n’est pas un technicien. Tu n’iras pas lui dire quelle technologie sur l’IA. Mais par contre, l’entendre te parler de ce qu’il voit sur le marché, de quel client il accompagne. Il y en a qui sont… Enfin, il a un rappeur, il a des clients institutionnels. Et d’avoir quelqu’un qui vient te parler de la vision technologique du marché avec une voix qui est diamétralement différente. Et c’est un très beau porte-parole. 

 

Marc Sanselme 00:43:05 – 00:43:07 : Merci beaucoup pour la recommandation. 

 

Emmanuelle Ertel 00:43:07 – 00:43:08 : Avec plaisir. 

 

Marc Sanselme 00:43:08 – 00:43:09 : Merci, Manuel. 

 

Emmanuelle Ertel 00:43:09 – 00:43:10 : Merci beaucoup. 

 

Vous venez d’entendre Emmanuel Hertel, DG Innovation & Trust, la Digital Factory, chez le groupe Tessie, leader de l’outsourcing de processus métierDans le prochain épisode, je recevrai Emmanuel Hertel, DG Innovation & Trust, la Digital Factory, chez le groupe Tessy, pour nous parler de business process automation. À très vite